Artémis
Déesse grecque et romaine
Divinité éternellement jeune, dynamique et d'une énergie inépuisable, Artémis est une déesse au caractère intrépide et à l'indépendance farouche. Elle incarne l'essence même de la liberté et de l'autosuffisance, refusant toute forme de soumission ou d'entrave. Contrairement aux autres déesses trouvant plaisir dans les relations humaines et divines, Artémis préfère le grand air, les vastes forêts et les montagnes escarpées. Elle se distingue par son tempérament entier, son amour de la chasse et son refus catégorique de toute compagnie masculine tentant de lui imposer quoi que ce soit. Elle est l'égale des hommes en force et en habileté, surpassant bien souvent même les meilleurs chasseurs et guerriers.
Fille de Zeus, le maître suprême de l'Olympe, et de la Titanide Léto, elle voit le jour dans des circonstances marquées par la jalousie implacable d'Héra, la reine des dieux, ne supportant pas l'existence de cette progéniture née d'une rivale. Venue au monde la première, elle assiste immédiatement sa mère lors de la naissance de son frère jumeau, Apollon, démontrant ainsi dès ses premiers instants son rôle de protectrice et d'auxiliaire des accouchements. Ce lien fraternel est indéfectible : Apollon et Artémis partagent une complicité profonde et une alliance naturelle dans leurs exploits divins.
Grande et majestueuse, son apparence inspire à la fois le respect et l'admiration. L'Hymne homérique à Apollon Pythien la décrit comme une reine au visage éclatant de beauté, tandis que Callimaque, dans son Hymne à Artémis, la loue pour ses boucles d'or tombant en cascades sur ses épaules. Euripide, dans Hippolyte, évoque la grâce inégalée de sa silhouette élancée, qu'elle entretient avec fierté. Farouchement attachée à sa chasteté, elle refuse tout rapprochement amoureux, considérant cela comme une entrave à sa liberté absolue.
Artémis aux flèches d'or
Originaire de l'île sacrée de Délos, Artémis fait ses premières armes de chasseresse en Attique, selon Pausanias. Dès lors, elle ne quitte plus jamais ses forêts et ses montagnes, où elle traque ses proies avec une précision et une dextérité inégalées. Son arc et ses flèches, chefs-d'oeuvre façonnés par le dieu forgeron Héphaïstos et les Cyclopes, sont ses compagnons inséparables. Le dieu Pan, maître des bois et des bêtes sauvages, lui offre une meute de chiens rapides comme l'éclair, capables de faire tomber les prédateurs les plus redoutables, lions compris.
Elle évolue dans un monde sauvage, indomptable, où seules comptent la force et l'agilité. Son gibier favori se compose principalement de cerfs et de biches, mais parfois aussi de fauves redoutables comme les lions et les panthères, comme l'évoque L'Iliade (XXI, 485) et Pausanias (V, 19, 5). Son habileté à l'arc est telle qu'aucune proie ne lui échappe. L'ensemble de la nature lui appartient, et elle se considère comme sa gardienne intransigeante, punissant sans pitié quiconque ose troubler l'équilibre qu'elle veille à préserver.
La jeune fille revêche
Artémis est avant tout une combattante. Elle se distingue dès son plus jeune âge en prenant part, aux côtés d'Apollon, à la destruction du monstrueux serpent Python. Plus tard, elle châtie le géant Tityos et se joint à son frère pour exterminer les enfants de Niobé, ayant eu l'audace d'insulter leur mère Léto. À travers ces actes, elle illustre sa nature inflexible et son intolérance envers ceux qui lui manquent de respect ou défient son autorité divine.
Son inviolabilité est sacrée. Sophocle, dans Électre, la qualifie de «vierge inviolable et inviolée», un statut qu'elle défend farouchement. Gare à quiconque tenterait de la séduire ou de s'en prendre à elle ! Elle fait preuve d'une implacable cruauté envers ses assaillants. Ainsi, le géant Otos trouve la mort à cause d'un stratagème d'Artémis (L'Odyssée, XI, 305 sqq.). Orion, un chasseur réputé, est piqué par un scorpion envoyé par la déesse elle-même (Apollodore, I, 4, 3). Quant au malheureux Actéon, ayant eu le malheur de surprendre la déesse se baignant nue dans la source Parthénios, il est métamorphosé en cerf et dévoré par ses propres chiens (Hésiode, Théogonie, 977).
Artémis ne tolère ni la faiblesse ni la compromission. Elle défend avec ardeur la pudeur et s'érige en protectrice contre la violence et les abus. Elle punit sans relâche les comportements immoraux et les amours illicites. Ainsi, elle venge les viols des nymphes Opis et Chromion (Pausanias, VIII, 47, 6) et met à mort le tyran Tartarus, qui abusait de son pouvoir pour s'octroyer les jeunes filles de sa cité avant leur mariage (Antonius Liberalis, XIII).
Mais sa colère ne s'arrête pas aux criminels : même les vierges qui cèdent à la tentation subissent sa fureur. Callisto, séduite par Zeus, est changée en ourse (Hésiode, Fragments, XCIX). La prêtresse Comoetho et son amant Melampos sont condamnés à être immolés pour leur faute (Pausanias, VII, 19, 20).
Diane, la chasseresse romaine
Lorsqu'elle traverse les âges et les civilisations, Artémis devient Diane chez les Romains. Sa nature impitoyable reste intacte, mais elle acquiert un rôle supplémentaire : celui de protectrice des femmes en couches et des enfants naissants. Dans les rites romains, les jeunes filles qui s'apprêtent à se marier lui offrent des présents en signe d'adieu : bijoux, mèches de cheveux, poupées et jouets sont déposés sur son autel, symbolisant leur passage à l'âge adulte et leur sortie du giron de la déesse.
Diane est une divinité exigeante, dont le culte se distingue par un rituel unique en son genre. À Aricie, en Italie, le sacerdoce de son temple ne peut être obtenu qu'en tuant le prêtre en poste, instaurant ainsi une tradition sanglante et cruelle (Ovide, Les Fastes, III, 275). Son image se teinte ainsi d'une aura plus sombre, reflet de la rigueur et de la brutalité de la nature qu'elle incarne.
Qu'elle soit Artémis ou Diane, la déesse demeure intransigeante, indomptable et souveraine absolue des espaces sauvages. Elle protège celles suivant son chemin, mais châtie impitoyablement ceux transgressant ses lois. Gardienne de l'ordre naturel, elle reste l'une des figures les plus fascinantes et redoutables de la mythologie gréco-romaine.