Isis
Déesse égyptienne de la magie, de la maternité et des royaumes après la mort
Isis est l'une des divinités les plus importantes et vénérées de l'Égypte antique. Son nom, sous sa forme grecque, dérive d'un ancien mot égyptien signifiant « trône », ce qui souligne son lien profond avec la royauté et le pouvoir. Déesse de la maternité, de la magie et de la résurrection, elle joue un rôle central dans de nombreux mythes et rituels religieux de l'Égypte ancienne, et son influence a perduré bien au-delà des frontières de cette civilisation.
À ses débuts, Isis était une divinité relativement obscure, sans temples spécifiques qui lui étaient consacrés. Toutefois, au fil des dynasties égyptiennes, son importance s'est accrue de manière considérable, jusqu'à en faire l'une des figures divines les plus incontournables du panthéon égyptien. Son culte a connu un rayonnement exceptionnel, dépassant les limites du territoire égyptien pour se répandre dans tout l'Empire romain. Des sanctuaires dédiés à Isis ont vu le jour dans des régions aussi éloignées que la Grande-Bretagne et l'Afghanistan. Son influence était telle qu'elle fut assimilée à plusieurs déesses locales, favorisant ainsi la diffusion de son culte auprès de populations diverses. Aujourd'hui encore, certains mouvements religieux païens continuent de la vénérer et d'honorer son héritage spirituel.
Isis était associée à plusieurs rôles symboliques et rituels. En tant que divinité du deuil et protectrice des âmes défuntes, elle jouait un rôle central dans les rites funéraires. Son chagrin pour la perte d'Osiris était considéré comme un modèle de dévotion et d'amour éternel. En tant que magicienne puissante, elle était invoquée pour ses capacités de guérison et sa capacité à rendre la vie aux morts. Son influence ne se limitait pas aux sphères spirituelles : elle servait également de modèle de maternité et de féminité idéale pour toutes les femmes égyptiennes, incarnant la douceur, la protection et la sagesse.
Très liée à la royauté, Isis était souvent représentée comme une femme élancée, vêtue d'une robe ajustée, portant soit un trône en guise de coiffe, soit un disque solaire encadré par des cornes de vache, rappelant son association avec la déesse Hathor. Certaines représentations la montrent sous des formes animales telles que le scorpion, l'oiseau, la truie ou la vache, chacune symbolisant un aspect de son pouvoir. Les premières mentions d'Isis remontent à la Ve dynastie (vers 2465-2325 av. J.-C.), où elle apparaît dans les Textes des Pyramides. Son rôle s'est intensifié avec le temps, notamment lorsque la croyance en l'au-delà s'est étendue à l'ensemble de la population égyptienne et non plus seulement aux pharaons. Dès lors, elle est devenue une protectrice universelle des âmes.
L'origine du mythe d'Isis est étroitement liée aux traditions religieuses d'Héliopolis, où les prêtres du culte solaire de Rê ont élaboré son histoire. Selon cette mythologie, Isis était la fille du dieu de la terre Geb et de la déesse du ciel Nout, et la soeur des divinités Osiris, Seth et Nephthys. Épouse d'Osiris, roi mythique de l'Égypte, elle était une souveraine bienveillante qui enseignait aux femmes les arts domestiques, tels que le tissage, la cuisine et le brassage de la bière. Cependant, son bonheur fut brisé par la jalousie de son frère Seth, qui complota pour assassiner Osiris. Il confectionna un coffre en bois somptueusement décoré et, lors d'un festin, invita Osiris à s'y allonger, prétendant que le coffre reviendrait à celui dont les dimensions correspondaient parfaitement. Dès qu'Osiris s'y installa, Seth scella le coffre, le recouvrit de plomb et le jeta dans le Nil. Ce coffre devint alors le cercueil du roi défunt.
Dévastée par la perte de son époux, Isis partit à sa recherche, traversant terres et mers jusqu'à Byblos, où le coffre avait été emporté par les flots. Après maintes épreuves, elle parvint à récupérer le corps d'Osiris et le ramena en Égypte. Cependant, Seth découvrit son stratagème et, furieux, déchira le cadavre d'Osiris en quatorze morceaux qu'il dispersa aux quatre coins du royaume. Déterminée à réunir son époux, Isis sillonna l'Égypte avec l'aide de sa sour Nephthys, rassemblant un à un les fragments du corps d'Osiris. Malheureusement, elle ne put retrouver son phallus, dévoré par un poisson du Nil. Grâce à ses pouvoirs magiques, elle reconstitua Osiris et, par un rituel sacré, conçut un fils posthume, Horus. Osiris, désormais ressuscité sous une forme spirituelle, devint le souverain du monde souterrain et le juge des âmes défuntes.
Craignant pour la vie de son enfant, Isis se réfugia dans les marais du delta du Nil, où elle l'éleva en secret, le protégeant des dangers et des assauts de Seth. Elle utilisa ses talents de magicienne pour guérir Horus des morsures de serpents et des piqûres de scorpions venimeux. Lorsque Horus devint adulte, il revendiqua son héritage et engagea un combat titanesque contre Seth pour récupérer le trône d'Égypte. Isis, en tant que mère et sour des deux opposants, se trouva déchirée par ce conflit. Lors d'un épisode mythique, elle eut pitié de Seth et tenta de l'épargner, ce qui provoqua la colère de son fils Horus, qui alla jusqu'à la décapiter. Toutefois, cette blessure fut annulée par magie, rétablissant ainsi la déesse.
Après de nombreux affrontements et interventions divines, le conflit trouva enfin une résolution. Horus fut reconnu comme le souverain légitime de l'Égypte et monta sur le trône, perpétuant l'héritage de son père Osiris. Isis, de son côté, continua de jouer un rôle essentiel dans la mythologie égyptienne, incarnant à la fois la dévotion, la magie et la puissance féminine. Son culte perdura à travers les siècles, influençant des religions ultérieures et laissant une empreinte indélébile dans l'histoire des croyances humaines.
Isis, dans la mythologie égyptienne, incarne l'épouse et la mère idéalisée : une figure qui se faisait discrète tant que tout se déroulait harmonieusement, mais qui savait déployer son esprit astucieux pour défendre son mari et son fils lorsque la situation l'exigeait. Elle offrait à son enfant un refuge protecteur, renforçant ainsi son image de déesse gardienne. Mais ce qui la rendait vraiment unique, c'était sa nature de grande magicienne, dont les pouvoirs dépassaient ceux de toutes les autres divinités. De nombreuses légendes témoignent de ses capacités magiques, considérées comme plus puissantes que celles d'Osiris et de Rê. Elle était régulièrement invoquée pour soigner les malades et, en compagnie de déesses comme Nephthys, Neith et Selket, elle assurait la protection des défunts. Au fil du temps, elle se retrouva associée à plusieurs autres déesses, telles que Bastet, Nout et Hathor, ce qui enrichit sa nature et diversifia ses pouvoirs. Isis devint une figure redoutable, un peu à l'image des autres déesses puissantes du panthéon égyptien, et fut désignée sous le nom de « l'oil de Rê », en plus d'être liée à l'étoile du chien, Sothis (Sirius).
Le premier grand temple lui étant consacré fut édifié par le pharaon Nectanébo II durant la Basse Époque (360-343 av. J.-C.) à Behbeit el-Hagar, dans le delta central du Nil. D'autres temples importants, notamment celui de l'île de Philae, furent érigés pendant la période gréco-romaine, une époque où Isis était en plein essor parmi les déesses vénérées d'Égypte. À Alexandrie, plusieurs temples lui furent dédiés, et elle y devint la protectrice des marins. De là, son culte se répandit rapidement en Grèce et à Rome.