Saturne

Dieu romain

Dieu très ancien de l'Italie, Saturne est lié à un âge d'or, synonyme de fêtes et de réjouissances. On le considère comme un dieu bienveillant ayant introduit l'agriculture et l'ordre social parmi les hommes. Il fait partie des divinités les plus anciennes vénérées par les peuples italiques avant même l'essor de Rome.

On sait peu de choses sur ses origines exactes. Certains mythologues suggèrent qu'il pourrait provenir des colons grecs, ayant introduit leur propre panthéon en Italie, tandis que d'autres pensent qu'il tire son origine des traditions étrusques ou sabines. Ce qui est certain, c'est qu'il est solidement implanté à Rome dès l'époque de la République, où il possède un temple situé près du Forum romain.

Par assimilation avec Cronos, il devient le père de Jupiter, le renversant et prend sa place comme maître des dieux. Cronos lui-même avait évincé son propre père, Ouranos, en le mutilant avec une faucille, outil symbolique de Saturne. Cette répétition cyclique du pouvoir, où un fils renverse son père, illustre une structure mythique profonde et universelle.

Lorsque Jupiter triomphe de Saturne, ce dernier trouve refuge en Italie, où il est accueilli par Janus. Sous son règne, la terre connaît une période de prospérité exceptionnelle, marquée par l'abondance et l'absence de conflits. Les Romains considèrent alors son règne comme un "âge d'or" où règne une justice parfaite, une harmonie sociale et une fécondité naturelle. Saturne enseigne aux hommes la culture de la vigne et des champs, leur apporte des lois et des traditions. Sa faucille, symbole de moisson et d'abondance, est souvent représentée dans son iconographie.

Des fêtes de libération ?

Les saturnales, fêtes en l'honneur de Saturne, sont des célébrations populaires marquées par des sacrifices, des banquets et des festivités publiques effervescentes. Elles sont l'un des temps forts du calendrier religieux romain et ont influencé de nombreuses traditions postérieures. Ces festivités se déroulent sur plusieurs jours, commençant le 17 décembre, et instaurent une ambiance de renversement temporaire de l'ordre social.

Durant cette période, les rapports hiérarchiques sont bouleversés : les esclaves peuvent parler librement et même se moquer de leurs maîtres sans crainte de représailles. Ces derniers vont jusqu'à servir leurs esclaves à table, inversant symboliquement l'ordre habituel de la société romaine. Cette inversion des rôles est un rituel de renouveau où les contraintes et les distinctions s'estompent temporairement.

L'un des éléments centraux des saturnales est l'échange de cadeaux. Parmi les présents les plus courants figurent les chandelles en cire, les sigillaria, symbolisant la lumière et le retour progressif des jours plus longs après le solstice d'hiver. Les écoles et les tribunaux ferment leurs portes, et la foule envahit les rues en criant : Io Saturnalia ! Bona Saturnalia !

L'ivresse, la débauche et les excès sont tolérés, voire encouragés, car ils font partie du caractère exubérant de cette célébration. Ces fêtes marquent le passage vers une nouvelle année et symbolisent un retour temporaire à l'âge d'or de Saturne.

Fait étonnant, alors que Saturne est associé à la fête et à la prospérité, la planète Saturne est perçue en astrologie comme un astre maléfique. Mais cette contradiction apparente peut s'expliquer par le fait que Saturne, en tant que principe de renoncement et d'épreuve, invite à la discipline et à la transformation. Loin d'être uniquement une entité sombre, il est aussi un guide vers la sagesse et la maturité.

L'Âge d'or

«Ces deux places aux murailles renversées, tu les vois :ce sont vestiges et monuments des hommes d'autrefois ;l'auguste Janus a bâti l'une, l'autre fut Saturnia,comme ils s'étaient appelés jadis.» - Virgile, L'Énéide, VIII, 355-360

Cronos

Cronos est le fils d'Ouranos (le Ciel) et de Gaia (la Terre). Il est le frère des Cyclopes et des Hécatonchires. Lorsque Gaia, épuisée par les incessantes naissances imposées par Ouranos, demande à ses enfants de la délivrer de leur père, seul Cronos ose relever le défi.

Armé d'une faucille forgée par Gaia elle-même, il attend qu'Ouranos descende sur Terre pour s'unir à Gaia, puis il le mutile, le privant de sa virilité. Les gouttes de sang s'écoulant de cette blessure donneront naissance aux Erinyes, aux Géants et aux Nymphes.

Devenu maître du monde, Cronos prend pour épouse sa sour Rhéa, avec qui il engendre six enfants : Hestia, Déméter, Héra, Hadès, Poséidon et Zeus. Mais un oracle lui prédit qu'il sera, à son tour, renversé par l'un de ses fils. Pour éviter ce sort, il dévore chacun de ses enfants à leur naissance, jusqu'au jour où Rhéa réussit à sauver Zeus en le remplaçant par une pierre enveloppée de langes.

Plus tard, Zeus le contraint à recracher ses frères et soeurs et le détrône, mettant fin à son règne et inaugurant l'ère des dieux olympiens.