Mercure (Hermès)
Dieu romain et grec du commerce, des voyages et des messagers
Les Grecs connaissaient ce dieu sous le nom d'Hermès, tandis que les Romains le désignaient sous celui de Mercure. On peut facilement reconnaître sa représentation dans l'art grâce à des éléments caractéristiques : ses sandales ailées, lui permettant de voler entre le ciel et la terre, son chapeau, souvent également ailé, ainsi que le caducée, un bâton de héraut qui symbolisait son pouvoir et que l'on associait à sa capacité à induire le sommeil. Dans la religion romaine, Mercure était principalement vénéré comme le dieu du commerce et de la prospérité, et il était parfois représenté avec une bourse, un symbole évident de richesse et de transactions économiques.
Hermès, l'un des plus jeunes des douze dieux principaux de l'Olympe, était un personnage rusé, malin et éloquent. Il devint rapidement le messager des dieux, un rôle qui lui permettait de traverser sans cesse les frontières entre le monde des vivants et celui des morts. En tant que guide des âmes vers l'Hadès, il accomplissait une tâche essentielle dans le monde souterrain, soulignant ainsi sa fonction d'intermédiaire entre les différents domaines divins. Fils de Zeus et de Maia, une nymphe, il révéla son intelligence vive et son esprit rusé dès son plus jeune âge. À peine né, alors qu'il n'était qu'un bébé, il déroba un splendide troupeau de bovins appartenant à Apollon, son père. Après avoir tué l'un des taureaux, il eut l'idée de fabriquer des cordes avec les entrailles de l'animal et de les tendre sur la carapace d'une tortue, créant ainsi le tout premier instrument de musique, la lyre. Apollon, impressionné par l'ingéniosité de son petit frère, lui pardonna son larcin, à condition qu'Hermès lui offre son instrument, dont le son était tout simplement envoûtant.
Dans la Grèce antique, Hermès était particulièrement vénéré comme le protecteur des voyageurs, en raison de ses capacités à se déplacer rapidement entre les mondes et à guider les âmes perdues. Des statues appelées «hermès», représentant souvent une tête de dieu posée sur un pilier avec un phallus dressé à mi-hauteur, étaient placées le long des routes pour marquer les distances et délimiter les frontières.
Hermès était également le protecteur des bergers, une autre de ses nombreuses attributions. Dans l'art antique, il était parfois représenté portant un bélier sur ses épaules, une image allant inspirer l'art chrétien primitif, où cette iconographie fut reprise sous l'appellation de «bon berger». Dans ce contexte, la figure du «bon berger» se retrouvait associée au Christ, qui, dans les premiers siècles de notre ère, était souvent représenté comme un berger guidant ses brebis, une référence directe à cette ancienne symbolique d'Hermès.
Dans la mythologie grecque, et plus encore dans l'art qui en découle, Hermès apparaît souvent comme un personnage secondaire, jouant un rôle complémentaire ou de soutien dans les événements principaux. C'est lui qui conduisit les trois déesses, Héra, Athéna et Aphrodite, au mont Ida, où le jeune berger Pâris fut chargé de juger laquelle d'entre elles était la plus belle. Dans un tableau du début du XVIIe siècle, peint par l'artiste flamand Hendrik van Balen et conservé au Fitzwilliam, Hermès est représenté à l'extrême droite de la scène, regardant, curieux, le résultat du concours après avoir accompli sa mission. L'artiste met en lumière la subtilité de son rôle, celui d'un spectateur discret mais toujours présent dans les coulisses des grands événements mythologiques.
L'une des escapades les plus célèbres d'Hermès, qui illustre parfaitement son caractère espiègle et ses actions malicieuses, a été peinte au XVIe siècle sur une grande toile exposée au Fitzwilliam Museum. Dans cette scène, Hermès, tombé sous le charme de la princesse athénienne Herse, entre dans sa chambre pour la rejoindre. Cependant, il se trouve face à un obstacle sous la forme de sa sour jalouse, Aglauros, qui refuse de le laisser passer. Poussé par le désir, Hermès frappe Aglauros avec son caducée, et, dans un tour de magie, elle se transforme instantanément en une statue de pierre noire, condamnée à une éternité de silence et d'immobilité.
En tant que messager des dieux et guide des âmes des morts, Hermès partage de nombreuses similitudes avec les archanges de l'imagerie chrétienne. Dans une peinture flamande du début du XVIe siècle, représentant l'Annonciation, Hermès est symboliquement présent dans la scène où Gabriel annonce à la Vierge Marie la conception du Christ. Dans cette oeuvre, le caducée du dieu païen est presque éclipsé par le lys que Gabriel porte, un symbole chrétien de pureté. Ce contraste visuel suggère subtilement que le dieu païen, avec sa puissante fonction de messager, est désormais obsolète et impuissant dans le contexte chrétien, remplacé par l'archange Gabriel dans la nouvelle ère du christianisme.