Adonis
Dieu d'origine phénicienne
Sa passion violente, éphémère et infidèle le fait souvent aimer les épouses infidèles.
Originaire de Phénicie, il fut d'abord appelé Thammuz, puis Gauas. Mais c'est sous le nom d'Adonis, signifiant "seigneur", qu'il est devenu célèbre, surtout à Byblos, Alexandrie, Chypre et en Grèce.
Théias, roi de Syrie, avait une fille, Myrrha (ou Smyrna). Poussée par Aphrodite, elle désirait commettre un inceste avec son père. Elle réussit à tromper Théias et à s'unir à lui, mais lorsqu'il s'en aperçut, il entra dans une colère terrible et voulut la tuer. Les dieux, pour la protéger, la transformèrent en arbre : l'arbre à myrrhe. Dix mois plus tard, de l'écorce de cet arbre naquit un enfant : Adonis.
Les amours d'Adonis
Adonis était d'une beauté exceptionnelle. Aphrodite, séduite, le recueillit et le cacha dans un coffre qu'elle confia à Perséphone. Mais la déesse des Enfers refusa de le rendre, étant elle-même tombée amoureuse du jeune homme. Le conflit entre les deux déesses fut arbitré par Zeus, décidant qu'Adonis passerait un tiers de l'année avec Perséphone, un tiers avec Aphrodite, et le dernier tiers où il voudrait. Adonis choisit alors de passer deux tiers de l'année avec Aphrodite (Apollodore, III, 14, 3).
On reconnaît dans ce mythe une personnification des forces de la nature et une image du cycle des saisons, une interprétation existant déjà dans l'Antiquité.
La mort d'Adonis
Lors d'un combat contre un sanglier, suscité par Artémis, Adonis fut mortellement blessé. Cette fin tragique, l'arrachant à l'affection d'Aphrodite, inspira toujours la compassion. On raconte qu'à Aphaca, dans le pays de Byblos, où prend naissance le fleuve d'Adonis (Nahr Ibrahim), les eaux se teintent de rouge une fois par an, en souvenir du sang versé par le dieu.
Les Adonies
Chaque année, ce phénomène donnait lieu à de grandes fêtes marquées par deux moments forts :
- Un temps funèbre, avec lamentations et sacrifices, pour pleurer la mort d'Adonis.
- Un temps joyeux, avec processions et rassemblements, célébrant son retour.
À Alexandrie, l'ordre des cérémonies était inversé : on commençait par des chants, des danses et un banquet en l'honneur de l'union des amants, puis on terminait par une procession funèbre. Théocrite relate ces fêtes célébrées par Arsinoé, épouse de Ptolémée Philadelphe (283 à 246 avant J.-C.) dans son poème Idylle XV.
À Athènes, la fête prenait une tournure différente. Ce n'était pas le cycle des saisons étant fêté (celui-ci étant réservé à Déméter), mais uniquement la mort d'Adonis. La cérémonie publique était funéraire, avec tous les rites des funérailles : onctions, toilette et exposition du défunt, offrandes et repas pris en commun. Des figures d'Adonis en cire ou en terre cuite représentaient son corps, et les femmes les portaient dans la ville en pleurant et en chantant des lamentations.
Ensuite, une célébration plus discrète avait lieu dans l'intimité des demeures, centrée sur le plaisir et la séduction, marquée par l'utilisation de parfums et de fleurs.
Les jardins d'Adonis
Les jardins d'Adonis étaient de petits pots en terre, paniers ou coupes dans lesquels on semait des plantes à croissance rapide comme le fenouil, le blé ou la laitue. Leur développement était accéléré en les arrosant d'eau chaude et en les exposant au soleil, ce qui les faisait se flétrir rapidement. Ce symbole de vie éphémère représentait l'existence brève d'Adonis. En Grèce, on appelait "jardin d'Adonis" toute chose éphémère et passagère.
La légende
D'après le Chant funèbre en l'honneur d'Adonis de Bion de Smyrne (I, 72), Aphrodite versa tant de larmes que chacune se transforma en rose, tandis que chaque goutte du sang d'Adonis donna naissance à une anémone.